Tout a commencé lorsque j’ai écouté le replay d’Affaires Sensibles (une émission de Fabrice Drouelle diffusée sur France Inter et dispo ici : https://www.franceinter.fr/emissions/affaires-sensibles/affaires-sensibles-16-juin-2020) « Bobby Sands, destin tragique d’un héros de l’indépendance Irlandaise ». Il y était question de Margaret Tatcher, Première ministre britannique de l’époque surnommée « la dame de fer ». Lorsque les détenus de l’IRA demandent le statut de prisonniers politiques, elle refuse. Une première grève débute alors pour ces hommes : ils se déshabillent et restent donc enroulés dans leur couverture été comme hiver pour revendiquer (entre autres bien sûr) leur droit à porter des vêtements civils et non la tenue de prisonnier de droit commun. Ils demeurent des années ainsi. S’en suivent une grève de l’hygiène, puis une grève de la faim. Margaret Tatcher finit par « céder » et leur fait envoyer… des habits de clown. Des tee-shirts à pois, des chaussures vertes, des bretelles… Bref, des fringues qui pourraient servir de déguisements. Bien plus tard, des fonctionnaires proches de la Première ministre avoueront qu’elle voulait les humilier.
Je me suis alors demandé comment cette femme avait pu arriver au pouvoir en Grande-Bretagne et y rester plus de dix ans. Vous vous en doutez, lorsque j’ai vu passer ce service presse sur NetGalley, j’ai sauté sur l’occasion.
« Le jour où le monde a tourné » est une sorte de recueil de témoignages de diverses personnes qui ont gravité autour de Margaret Tatcher et de citoyens qui ont vécu sous son ère. Car oui, madame Tatcher a changé la vie même des Britanniques et nous parlons bien ici « d’ère ». Il y a un avant et un après Tatcher. Ce que le récit s’emploie évidemment à démontrer grâce à de judicieux allers-retours passé/présent.
Il ne s’agit pourtant pas de prendre parti, bien que Judith Perrignon (qui excelle dans les descriptions succinctes terriblement poignantes) laisse parfois entrevoir son avis concernant les conséquences actuelles des choix de madame Tatcher. Ces détails ne gênent en rien la lecture, bien au contraire, ils alimentent le flot de réflexions des différents témoignages exposés. L’alternance des points de vue (pour rester très binaire : « pour » ou « contre » Margaret Tatcher et sa politique) devient un trésor afin de se forger sa propre opinion et comprendre la politique libérale, voire néo-libérale. Une fois encore, il ne s’agit pas ici de démonter ou d’encenser un courant économique, mais de mettre en lumière la façon de penser de ceux et celles qui le soutiennent ou non. En cette période d’élection présidentielle, j’ai d’autant plus apprécié ma lecture !
Si plusieurs témoins reviennent plus ou moins régulièrement, j’ai eu du mal à retenir d’emblée leurs noms et donc à les resituer par rapport à Margaret Tatcher. Pour une novice telle que moi, avoir une parenthèse rappelant les rôles des uns et des autres à côté des noms en début de témoignage aurait été d’une bonne aide ! Cela dit, au bout de quelques lignes de lecture, nous nous rendons vite compte du bord de la personne interviewée ! Margaret Tatcher semble avoir laissé une trace indélébile sur ses concitoyens et ses partenaires ou opposants politiques. Les anecdotes, les impressions, le quotidien… J’ai aimé en apprendre autant.
Les différents évènements marquants de son mandat sont abordés grâce à un judicieux découpage du livre. La brièveté des témoignages et leur alternance offrent un récit dynamique qui se lit rapidement. La fougue de Judith Perrignon point sous ses mots sélectionnés avec soin, permettant ainsi au lecteur et à la lectrice de la suivre, elle et son équipe, au gré de leur voyage à travers la Grande-Bretagne.
Une excellente lecture que je vous recommande chaudement.
*Iléana*
Je remercie les ֤Éditions Grasset et NetGalley pour ce service presse.
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