« Une autre connaissance, une Américaine qui vit dans le nord-ouest, sur la côte Pacifique, m’a dit un jour qu’en emmenant son fils d’un an dans une garderie où les mères venaient avec leurs bébés, elle avait remarqué que celles qui avaient des petites filles avaient tendance à beaucoup les retenir, leur disant tout le temps “ne touche pas” ou “sois gentille, arrête”. En revanche, elle constatait que les bébés garçons étaient davantage encouragés à explorer, qu’on les retenait moins, et qu’on ne leur disait presque jamais d’“être gentil”. Selon sa théorie, inconsciemment, les parents commencent très tôt à enseigner aux filles comment se tenir, on donne moins de latitude et plus de règles aux bébés filles, et plus de latitude et plus de règles aux bébés garçons. »
« Tu n’imagines même pas le nombre de fois où des personnes auxquelles je tiens (hommes comme femmes) m’ont demandé de faire la démonstration du sexisme, de “prouver” en quelque sorte son existence, alors qu’elles n’auraient jamais exigé la même chose s’agissant du racisme (bien évidemment, trop de gens à travers le monde doivent encore “prouver” l’existence du racisme, mais pas dans mon entourage immédiat). Tu n’imagines même pas le nombre de fois où des personnes auxquelles je tiens ont nié ou minimisé des exemples de situations sexistes.
Ainsi Ikenga, lui toujours si prompt à réfuter l’idée que quoi que ce soit puisse être misogyne, lui qui n’a jamais envie d’écouter ou de s’intéresser, lui qui est toujours si avide d’expliquer qu’en réalité ce sont les femmes qui sont des privilégiées. Il a dit un jour : “À la maison, même si en théorie c’est mon père le chef, en fait c’est ma mère qui commande en coulisse.” Il pensait ainsi démontrer que le sexisme n’existe pas, mais en réalité il abondait dans mon sens. Pourquoi “en coulisse” ? Quand une femme a du pouvoir, pourquoi avons-nous toujours besoin de déguiser le fait qu’elle ait du pouvoir ? »