Époustouflant.
Deux femmes dans la tourmente est un chef-d’œuvre poignant, une fiction qui se confond avec un témoignage historique.
Teresa Messineo maitrise parfaitement son sujet : les infirmières américaines pendant la Seconde Guerre Mondiale. Des détails des soins et équipements à l’ambiance générale, ce récit m’a entraînée aux côtés de ces deux amies. J’ai vécu avec elles ces longs mois d’hiver européen et cette affreuse chaleur dans le Pacifique. J’ai vu les horreurs qu’elles ont contemplées, vidées de leur force. Jusqu’où un être humain peut-il s’enfoncer dans l’horreur ? Quelle limite invisible ces femmes franchiront-elles ? En reviendront-elles ? Guériront-elles ? Peut-on se libérer de tels traumatismes ?
Autant d’interrogations qui m’ont soulevé le cœur, m’ont fait monter les larmes aux yeux. Deux femmes dans la tourmente n’est pas une esquisse de caricature de la Seconde Guerre Mondiale, celle que l’on a l’habitude de voir dans les films avec bombes, héros et romance. Deux femmes dans la tourmente est une immersion dans un quotidien d’enfer.
Des salauds, des âmes brisées, des sourires, de l’espoir ou son contraire… Jo et Kay sont confrontées et vivent tout cela, elles transmettent leurs émotions au lecteur même quand elles sont à bout, coquilles au vide abyssal. Des descriptions brèves, qui vont à l’essentiel, et toujours leurs sentiments qui flottent, puis pénètrent le lecteur jusque dans sa moelle.
C’est un livre dur, terrible, et pourtant, il y a cette lueur, cette force sous-jacente aux êtres vivants décidés à le rester. C’est cette étincelle, soutenue par des évènements-clefs auxquels on ne s’attend pas, qui m’a poussée à tourner les pages encore et encore, sans m’en apercevoir.
L’auteure, grâce à des flashbacks disséminés régulièrement dans le récit, nous dévoile peu à peu ses personnages, leur amitié, leur histoire personnelle, leurs drames et leurs joies. Jo et Kay prennent vie dans toute leur naïveté de jeunes adultes, dans toute leur maturité d’infirmières militaires. Ce paradoxe saisissant m’a fait l’effet d’une gifle monumentale, jamais je n’avais imaginé, « vécu », la Seconde Guerre Mondiale de façon si viscérale.
Deux femmes dans la tourmente est aussi un hommage à ces femmes si peu reconnues dans les années 40, un hommage à ces hommes contraints de devenir soldats, obligés de murer leurs émotions. Un tableau d’une société à la mentalité étriquée qui a causé de nombreux dégâts psychologiques.
Dois-je encore vous parler de la plume de l’auteure ? Ce roman n’aurait assurément pas cette grandeur sans l’incontestable talent de Teresa Messineo.
Foncez !
*Iléana*
Je remercie les éditions Belfond et NetGalley pour ce service-presse.