Si vous avez aimé le style de Bouffanges dans sa nouvelle Votez Blanc ! (à lire gratuitement dans le premier numéro de L’Indé Panda), vous accrocherez forcément avec Zombies.
En effet, cette histoire se construit à partir d’extraits de journaux, émissions TV ou radio. S’y glissent également des parties narratives concernant certains personnages.
Au début, lire un roman bâti ainsi m’a fait peu bizarre. (Contrairement à la nouvelle, le format du roman est beaucoup plus long. En fait, je me suis rendu compte que j’aimais beaucoup que l’auteur me dévoile sa façon de voir les choses, notamment à travers ses protagonistes.) Ici, c’est le cas, mais d’une façon beaucoup plus neutre, et avec des personnages que l’on apprend à connaitre à travers des extraits d’interviews, par exemple, ce qui reste parfois assez superficiel.
Mais c’est là le tour de force de Bouffanges. Insérer des parties narratives entre les divers extraits met complètement en relief la complexité de l’esprit humain (notamment le jeu tortueux de la recherche du pouvoir.) La présentation d’un tel sujet couplée à cette forme-là est juste parfaite.
D’autre part, Bouffanges aborde des thèmes très intéressants. Comment trafiquer une enquête scientifique, par exemple (avec tous les scandales qui éclatent depuis quelques mois, c’est tout à fait à l’ordre du jour !) Comment les politiciens manœuvrent pour le pouvoir, sous couvert de mots et de phrases alambiquées (en pleine période électorale, vraiment très amusant de constater que la « substance » de chaque débat se retrouve entièrement dans cette œuvre !) Et puis, encore et toujours, la manipulation de la population à travers les médias. À ce propos, la chute est, encore une fois, parfaite !
En conclusion : la construction même de l’histoire peut dérouter, mais je vous encourage vivement à poursuivre la lecture. J’ai dévoré le roman à partir de la trentième page environ. Les idées avancées sont (très) actuelles et la façon de les présenter peut permettre de prendre un peu de recul pour développer son esprit critique.
*Iléana*