— Un avant-goût de paradiiis où tout peut être d’enfer !!!
Le commerçant hurlait ces mots à tous ceux qui avaient le malheur de croiser son regard. Grassouillet et victime d’une alopécie diffuse sur le haut de son crâne, il se comportait comme un vendeur de poisson.
Un groupe de jeunes filles s’approcha. Chacune habillée à la mode, elles ressemblaient à ces futures femmes décidées.
— Gratuit ! héla notre bon marchand.
— Tiens Lola, des bonbons du paradis ! s’écria l’une d’elles en donnant un coup de coude.
L’intéressée grimaça et jeta un regard furieux à son amie.
— Je parie que tu n’es pas cap ! renchérit une autre.
Lola se rapprocha du stand tout en frottant sa peau meurtrie.
— C’est gratuit petite demoiselle !
La jeune fille observa le récipient qui dissimulait les bonbons. L’étiquette indiquait : une chance de tomber au paradis ou en enfers. Ceux-là, personne ne les voulait.
— Regarde Lola, toi qui es si aventurière. Je te lance un défi !
Lola, devant les mines insistantes de ses copines, ne désira pas paraître faible et tendit le bras vers le pot. Tout le monde la dévisageait et même certains passants s’arrêtèrent.
Elle inspira et plongea les doigts dans le bocal. Le commerçant lui adressa un énorme sourire insidieux. Lola n’aima pas ça. Elle ressortit sa main avec une boule noire pleine de piques étranges. Comme les friandises se ressemblaient toutes, Lola ne savait pas si elle avait bien choisi.
Les regards pétillaient sous l’attente et c’est en grimaçant que la jeune fille avala la sucrerie. Tout d’abord, elle ne ressentit rien. Les piques fondirent sur sa langue et crépitèrent puis ses yeux se voilèrent d’un coup. Elle quitta son corps et se retrouva, sans savoir comment, au centre d’une immense fournaise. Elle hurla de peur, alors que devant elle, un homme apparaissait.
Il avait un corps incroyable, forgé dans les feux froids de l’enfer. Une fumée ardente l’entourait. Son regard ténébreux fit battre son cœur et elle pensa mourir. Elle ne pouvait pas bouger, seulement autorisée à le contempler. Elle voulait presque le goûter tellement elle le trouvait beau. Le coin de sa superbe bouche se releva en un sourire moqueur.
— Tu ne m’auras jamais, jolie Lola. C’est moi qui te mangerai ! fit-il d’une intonation si sensuelle qu’elle ouvrit la bouche.
La jeune fille n’eut pas le temps de riposter qu’elle réintégrait violemment son corps. Une de ses copines vint la soutenir alors que ses jambes flageolaient.
— Alors ? s’enquit le commerçant.
— L’enfer… murmura-t-elle, essayant de dissimuler le rouge de ses joues.
Les gens arrondirent les yeux et commencèrent à lui poser nombre de questions. Elle ne savait que répondre. Comment expliquer la vue de cet être magnifique qu’elle n’avait pu approcher, mais qu’elle avait désiré de tout son être ?
Oui, c’était bien l’enfer de ne pas pouvoir toucher une créature pareille. Maintenant plus aucun homme ne serait beau à ses yeux. L’enfer ne ressemblait vraiment pas à ce que l’on imaginait.